VACCINATION ANTI-GRIPPALE : C'EST L'HEURE !

Publié le par Dr Max Fleury

Si vous avez plus de 65 ans, ou si vous êtes atteint d'une maladie chronique prise en charge à 100%, vous avez reçu de votre caisse d'assurance maladie, un bon de vaccination gratuite contre la grippe. Ce sésame sonne comme chaque année le retour de l'hiver... et l'heure de vous faire vacciner contre une maladie hautement contagieuse et dont les conséquences peuvent être redoutables. 


Il y a les inconditionnels de la vaccination, ceux qui sont les premiers à se précipiter dès l'arrivée du vaccin contre la grippe dans les pharmacies. Il ya aussi les réfractaires absolus, ceux qui sont convaincus que la vaccin va les rendre malades. Et puis il y a tous ceux qui ne se posent aucune question, qui ne se sentent en rien concernés par la polémique -en majorité les jeunes adultes- ignorant superbement les mises en garde des autorités de santé et de leur médecin, les encourageant eux aussi pourtant à se faire vacciner.

La grippe est une affection dont tout le monde a entendu parler, c'est même l'une des maladies les plus anciennes que l'on connaisse. Elle peut se manifester sous la forme d'épidémies saisonnières locales d'ampleur variable de novembre à avril sous nos latitudes ou bien de grandes épidémies mondiales appelées pandémies qui sont indépendantes des saisons. 


UNE MALADIE PARFOIS MORTELLE


Beaucoup se rappellent de la grande pandémie de "grippe espagnole" de 1918 - 1920 qui a contaminé 1 milliard de malades et provoqué la mort de plus de 20 millions de personnes. On peut citer aussi la pandémie de "grippe asiatique" en 1957 entraînant près de  100 000 morts aux Etats-Unis et la pandémie de "grippe de Hong Kong" en1968 faisant 18 000 morts en France.
Ces chiffres impressionnants et dramatiques nous montrent bien que la grippe est un affection certes courante mais loin d'être banale et dont il vaut mieux se protéger.

Le nombre de victimes qui peut se compter par centaines de milliers ou de millions nous indique que la grippe est une maladie hautement contagieuse. Elle est due à la transmission d'un virus d'un sujet infecté à un sujet sain par les goutelettes d'eau expulsées sous forme d'aérosols pendant la toux, les éternuements, mais aussi la respiration ou les écoulements du nez (mouchoirs contaminés qu'on laisse "traîner" !)

Il existe trois types de virus grippaux : les Influenza virus A, B et C. Le type A mute avec une grande facilité, permettant de distinguer des sous-types : H1N1, H2N2, H3N2.
Les grippes provoquées par les virus A et B se ressemblent et il est impossible de les dinstinguer sur le plan des symptômes. Ceux provoqués par le virus C sont proches de ceux d'un simple rhume et se limitent à quelques cas isolés.

SCENARIO D'UNE INFECTION GRIPPALE

Pour être infecté, il faut respirer une dose suffisante de virus, et offrir au microbe un terrain favorable, c'est-à-dire avoir des défenses immunitaires insuffisamment performantes (fatigue, stress, maladie).

Les symptômes de la grippe sont assez banaux et ressemblent à ceux que l'on retrouve dans de nombreuses maladies virales hivernales, y compris de simples rhino-pharyngites, mais c'est leur intensité anormale qui fait soupçonner "la vraie grippe" :
- fatigue, parfois intense et clouant au lit,
- maux de tête,
- frissons et sensation de froid qui traduisent la montée de la fièvre,
- douleurs musculaires et articulaires (courbatures généralisées),
- fièvre souvent très élevée (39-40°C),
toux.

Chez les personnes affaiblies ou vulnérables (patients âgés ou nourrissons, sujets atteints de maladies cardiaques ou pulmonaires, diabétiques...) les conséquences peuvent être dramatiques : pneumonie grippale, poussée d'insuffisance cardiaque pouvant être fatale.

Le rétablissement est complet chez la plupart des sujets en une à deux semaines. 

LA VACCINATION, SEULE ARME VRAIMENT EFFICACE

Il n'existe pas actuellement de thérapeutique totalement efficace pour traiter la grippe. La vaccination reste donc la meilleure arme  pour lutter contre la maladie. 

Le vaccin contre la grippe est composé de particules virales inactivées. Il est donc impossible, contrairement à ce que croient encore certains, que la vaccination antigrippale provoque elle-même la grippe. En fait, la période de l'année où l'on vaccine la population (l'automne) est aussi celle où sévissent de nombreux virus respiratoires qui provoquent des symptômes ressemblant à ceux de la grippe. Certains patients contractant l'un de ces virus après avoir été vaccinés peuvent ainsi y voir (à tort) une relation de cause à effet...

La composition du vaccin change d'une année sur l'autre. Elle tient compte notament des observations du réseau mondial de laboratoires coordonnés par l'Organisation mondiale de la santé, qui ont pour fonction d'isoler et d'identifier les virus de la grippe qui circulent autour du monde et donc d'identifier les nouvelles souches actives de virus grippal.

Une fois le vaccin administré par voie intramusculaire, la protection apparaît 10 à 15 jours après et dure près d'un an.  Les effets secondaires de la vaccination contre le virus de la grippe sont mineurs : une petite douleur au site de l'injection peut être ressentie, voire une petite poussée de fièvre correspondant à la mise en route de la réaction immunitaire (facilement controlable avec une prise de paracétamol).

L'efficacité de la vaccination est bien établie mais une protection à 100% n'existe pas. On estime que le vaccin antigrippal est efficace au mieux dans 80% des cas. En outre le vaccin ne protège pas contre toutes les souches de virus grippaux. On peut donc être vacciné et malgré tout être infecté. Dans ce cas, la gravité des symptômes est cependant réduite.

L'objectif de la vaccination est donc de réduire le taux de survenue des grippes graves et des décès chez les personnes exposées à une grippe sévère. L'assurance maladie prend en charge la vaccination : 
- des personnes âgées de 65 ans et plus,
- des patients de tous âges atteints d'une affection de longue durée (diabète, insuffisance cardiaque, insuffisance respiratoire -y compris asthme et bronchite chronique, accident vasculaire cérébral, affections neurologiques et musculaires graves, épilepsie, déficit immunitaire, insuffisance rénale grave, drépanocytose, mucoviscidose).
Il convient aussi de vacciner le personnel de santé, les professionnels susceptibles de disséminer le virus (y compris le personnel navigant) ou désirant éviter l'indisponibilté due à une grippe. Le vaccin peut aussi être proposé aux femmes enceintes ou aux jeunes enfants (demi-dose).

QUAND LA GRIPPE EST LA...

Outre la vaccination, les modifications de comportement sont aussi indispensables pour éviter la propagation du virus. Il faut recommander aux patients atteints de se laver systématiquement les mains après avoir éternué, toussé ou s'être mouchés. Il faut les encourager à utiliser des mouchoirs jetables (qui doivent donc être jetés après usage !). On peut aussi préconiser le port d'un masque chirurgical aux patients tousseurs, surtout en présence de personnes fragiles ou de nourrisons.

Chez les patients en bon état général atteints par la grippe, aucun traitement spécifique n'est nécessaire. Il suffit de proposer un traitement symptomatique contre la fièvre, la toux, les courbatures ou la rhino-pharyngite et recommander le repos au lit.

Les médicaments antiviraux réduisent les symptômes de la maladie ainsi que sa durée (réduction de 36 à 60 heures). Par conséquence, ils permettent de diminuer fortement les complications sérieuses responsables de la plupart des décès. On y a parfois recours pour protéger les personnes vulnérables ou à risque qui se sont trouvées au contact d'une personne infectée ou pour celles chez qui la vaccination serait contre-indiquée.

En cas de pandémie, l’oseltamivir (Tamiflu ®) et le zanamivir (Relenza ®) seraient de la plus grande utilité. Dans le plan prévu pour lutter contre une éventuelle pandémie grippale, il est prévu de pouvoir distribuer de façon extensive ces médicaments. Pour être efficaces, les antiviraux doivent être pris très précocement, c’est-à-dire dès les premiers symptômes de la maladie. Les études montrent qu’un gain de 12 heures dans la prise du médicament réduit de 24 heures la maladie. Dans tous les cas, il faut prendre le médicament dans les 48 heures qui suivent les premiers symptômes
Pour prescrire l'un de ces produits, le médecin doit être sûr qu'il s'agit d'une grippe. Pour cela, un test diagnostic biologique est réalisable.

Reppelons enfin que les antibiotiques sont inefficaces contre les virus. Ils seront proposés par le médecin traitant uniquement en cas de surinfection bactérienne, notamment pulmonaire.

Pour en savoir plus et suivre l'épidémie de grippe, région par région :

Le Réseau National des GROG
(Groupes Régionaux d'Information de la Grippe)
Situation de la grippe en France, surveillance, bulletin Eurogrog.
http://www.grog.org/

GEIG
Groupe d'étude et d'information sur la grippe. Son rôle consiste à recueillir, analyser et confronter les informations sur la grippe et sa prévention, notamment à l'occasion de séminaires de travail du GEIG. Le site du GEIG est divisé en quatre parties : présentation du Geig, la grippe et sa prévention, mémo-grippe, actualités.
http://www.grippe-geig.com/

Global Influenza Surveillance Network (FluNet)
Epidémiologie de la grippe dans le monde par pays, nouvelles sur le virus, recommandations.
http://oms2.b3e.jussieu.fr/flunet/

Publié dans Actualité

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