NON A L'INSTRUMENTALISATION POLITIQUE DE LA MEDECINE !

Publié le par Dr Max Fleury

mon-medecin-a-dit.com reproduit ici la tribune du Président de Médecins du Monde publiée dans Le Monde le 24 octobre 2007, dénonçant la dérive actuelle du pouvoir politique en matière de contrôle de l'immigration.

Vous pouvez soutenir cette protestation en cliquant sur le lien suivant : http://www.medecinsdumonde.org


Médecine et politique migratoire : la liaison dangereuse - Par Pierre Micheletti - Président de Médecins du Monde

(...) nous voyons s’installer par petites touches successives une logique qui nous inquiète : celle qui consiste à utiliser les sciences médicales et les médecins comme supplétifs de la maîtrise de l’immigration...

"Comme d’autres associations intervenant dans le champ de la solidarité, Médecins du Monde a été récemment convié par le Président de la République à une réunion de travail sur la pauvreté en France.

"Médecins du Monde avait ce jour-là plus particulièrement vocation à intervenir sur les aspects spécifiques liant santé et précarité.

"En préambule, nous avons souhaité profiter de l’opportunité que nous donnait le chef de l’Etat de le rencontrer pour lui exprimer la réprobation de notre association de voir utilisées les sciences et la médecine comme outils au service de politiques migratoires.

"Cette introduction faisait en particulier référence à la pratique des tests ADN dans le cadre du regroupement familial des étrangers présents sur le territoire français.

"Le chef de l’Etat a considéré cette partie de notre intervention comme nulle et non avenue.

"Pas pour Médecins du Monde.

"Pour nous le lien entre pauvreté et migration est une évidence, même si les opinions exprimées par les participants lors du tour de table furent assez elliptiques sur la question.

"Le public auprès duquel Médecins du Monde intervient est composé à 80% d’étrangers.

"20% des personnes rencontrées vivent à la rue.

"40% occupent des logements précaires dont ils peuvent être renvoyés du jour au lendemain vivant ainsi dans une insécurité totale.

"86% sont sans couverture maladie au moment où nous les rencontrons.

"100% vivent en dessous du seuil de pauvreté.

"Ces constats s’imposent à nous.

"Nous ne pouvions donc participer à ce tour de table sans rendre explicite la question des étrangers.

"De la place particulière qui est la nôtre, celle d’une ONG médicale, nous voyons s’installer par petites touches successives une logique qui nous inquiète : celle qui consiste à utiliser les sciences médicales et les médecins comme supplétifs de la maîtrise de l’immigration.

"La circulaire de février 2006 permettant l’arrestation des étrangers dans les structures de santé ; les pressions exercées sur les médecins inspecteurs de santé publique pour influencer les décisions d’expulsions des étrangers gravement malades ; les évacuations musclées pour des raisons sanitaires des campements de fortune occupés par les Rroms ( ces mêmes Rroms que l’on laisse parfois s’installer dans de véritables cloaques) ; le calcul de l’âge osseux sur des adolescents pouvant conduire à leur exclusion de la protection de l’enfance et à leur expulsion si ces examens établissent que ce sont des « adultes biologiques », illustrent nos inquiétudes.

"Le texte sur la pratique des tests ADN, même en grande partie vidé de sa substance par la Commission mixte paritaire, n’en garde pas moins toute sa force symbolique dans un tel contexte.

"Il instaure une discrimination inacceptable dans la preuve de filiation, à des fins de contrôle.
Médecins du Monde est ainsi parfaitement dans son rôle en ayant interpellé Mr Sarkozy sur ces questions.

"Le Président de la République a considéré qu’il s’agissait d’un hors sujet.

"On ne peut survaloriser la place des étrangers en matière de sécurité et la minorer quand on parle de pauvreté.

"Cette incompréhension résume tout le problème."

Pierre Micheletti

Président de Médecins du Monde

Publié dans Humeurs

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J
Merci à toi Max d'avoir fait copie de ce texte de "Médecins du Monde".<br /> Bien sûr on ne peut pas être très étonné de ce que le Président de la République ait considéré comme étant "hors sujet" le lien entre migration et pauvreté. La volonté politique de détruire la grande pauvreté n'est pas à l'ordre du jour, même si, comme un leurre, on an entendu l'affirmation d'une diminution de 25 % de la pauvreté : toute la question est de savoir où se trouveent ces 25 % ! Si ce sont les mieux lotis parmi les "pauvres", alors ceux qui sont en-dessous seront irrémédiablement laissés de côté. Les réactions du Président lors de cette entrevue avec les associations laissent rêveur.<br /> Bien sûr je soutiens la protestation de Médecins du Monde, en signant le texte sur leur site.<br /> Jean-Claude
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